Artiste plasticienne, elle travaille depuis une quinzaine d'années l'enfermement féminin et la problématique du corps contraint dans le champ de la performance et de la photographie. Diplômée en Arts-plastiques et en Arts du spectacle chorégraphique, son corps est son objet d'étude. Elle explore ses limites de la danse classique à la performance pure. Elle crée ses autoportraits comme un dispositif d'autosurveillance. Elle capte, fige, s'enferme, se contrôle par l'image. En quête de nouveaux terrains d'analyse corporelle, elle capture ses larmes, son sang menstruel, ses poils… pour les détourner dans des objets ou tableaux.

Un jour ou peut-être une nuit
Pour Derrière la porte?, Auréline Roy fait une nouvelle fois un pas de côté́ par rapport à son travail artistique habituel. "Je suis concernée, comme nous le sommes tous. Tout le monde connait une victime d'inceste, pour ma part j'en connais beaucoup trop (famille, amies, collègues). Chacun.e m'a partagé son histoire intime et traumatisante. Alors il m'était difficile de rester silencieuse."

Auréline Roy nous présente ici cette photographie Un jour ou peut-être une nuit, ŕéalisée il y a une quinzaine d'années dans la maison de famille de sa grand-mère.
Entre ombre et lumière, une cohabitation du jour et de la nuit comme le chantait Barbara dans l'Aigle noir, cette porte entre-ouverte laisse pénétrer la lumière dans cet endroit obscur, un faisceau lumineux se fraie un chemin.
Une lueur d'espoir peut-être, venant de l'extérieur, comme un message : nous ne sommes pas seuls. Ou bien c'est l'inverse. Reclus dans la pénombre, on attend, on guette cette lumière, cette présence qui justement pénètre dans l'obscurité comme un corps étranger.
Dans cette photographie, nous sommes au point culminant où le doute subsiste : un jour ou peut-être une nuit.