Pour vivre, une œuvre d'art n'a pas besoin ni de beauté ni de laideur, elle a besoin de vie. Elmer Diktonius

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Maelle Marvaud

Lorsque j'ai décidé de monter cette exposition, je savais que je voulais réaliser un travail artistique sur l'inceste, sur l'inceste de mon père à mon égard. Lorsque je suis tombée sur cette photo de mon père à demi-nu avec sur son épaule ce poussin, une évidence m'est apparue : je devais utiliser cette photo-là .

Lhomme rit, il semble ravi que le poussin se soit posé à côté de sa tête. Cette main, légèrement en-dessous du poussin, comme prête à l'attraper est immobile. Mais on devine que le geste n'est pas loin. Du reste le poussin regarde la main. Comment doit-il appréhender cette main qui est de la taille de tout son corps ? qui peut en un seul geste s'emparer de lui ; mais il ne bouge pas, confiant, sur l'épaule. Et lhomme en rit. Il regarde l'objectif comme pour nous dire "Vous avez vu ! C'est de son plein gré qu'il est venu."

Adulte, à plusieurs reprises j'ai tenté de parler à mon père. "Je ne me souviens pas." il disait. La double peine. Comment tenter de pardonner quand le responsable nie jusqu'à l'existence-même des faits ?

La série Lhomme et le poussin est composée de 81 photos identiques sur lesquelles des mots sont posés.

Ces mots que je lui dis aujourd'hui, je sais bien que, de son champ de cendres, il ne les entendra pas. Puissent-ils aider d'autres mots à se poser, et d'autres expériences à ne pas se vivre, telle est l'intension de ce travail aujourd'hui.

Maëlle Marvaud est la directrice de la Galerie M.

Lhomme et le poussin,
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